Quand Fred est tombé sur le rayon nourriture du grand magasin de luxe de Tokyo, à Ginza, Matsuzakya, il était excité de découvrir les enseignes présentes, les produits, le service, et de pouvoir comparer avec la France (verdict: c'est comme à Lafayette Gourmet, mais en plus grand, et avec une offre de produits un peu plus large).
Quand il a vu le rayon "poissons", avec les crabes encore vivants disponibles en rayon, le poulpe, et surtout la couleur du thon en barquette - très probablement fraichement découpé depuis une ou deux heures (vu le débit, les quantités de poisson consommées ici, la culture japonaise de respect du produit, et le positionnement haut de gamme du magasin) - il était ravi, même si le stand était, chose étonnante, petit, et loin d'être aussi fourni que votre poissonnerie préférée (il doit y avoir une explication, c'est sûr, impossible autrement). Et pourtant, ici, l'offre, comme la demande, sont à des années lumières de notre pays, plus développées, plus exigeantes, car, entre japonais et poissons/fruits de mer, c'est une grande histoire d'amour datant de plusieurs siècles. Un peu comme le vin chez nous, ou le fromage.
Mais quand il est allé voir le rayon boucherie, les mots lui ont manqué. Alors il a pris des photos. Pas seulement des deux types de Wagyu disponibles. Des autres aussi, surement bien plus impressionnants d'ailleurs. Car le wagyu, au delà de son affinage, on sait que c'est comme du caviar, le must, le nec plus ultra, le top... mais quand on voit comme il l'a vu le boeuf non-wagyu qui était proposé, on reste sans mots. Jamais - malgré la qualité de notre viande du Limousin, de notre Salers, de celle que l'on trouve dans les meilleures boucheries parisiennes comme chez Desnoyer ou Le Bourdonnec, et le savoir faire français en la matière - il n'a vu une telle viande, un tel marbrage sur un rayon dans notre beau pays. Ne pas en acheter pour le cuisiner rapidement à la guesthouse (disposant d'une grande cuisine libre d'accès, de tout ce qu'il faut, et de plaques à induction... qu'est ce qu'elle est bien cette guesthouse !) aurait été impardonnable. Pour une fois qu'il est au Japon, et a ça devant les yeux, il ne pouvait passer à coté. C'est donc deux morceaux de 60g de Black Japanese Regular Beef qu'il a mis sous son bras, en plein milieu d'une journée touristique à visiter le quartier, après avoir discuté 15 minutes avec la chef de rayon, qui avait l'air d'en connaitre un paquet mais n'avait pas l'anglais suffisant pour le dire. Il vous passe les détails, sauf un: au moment de payer, elle a glissé dans le sac deux morceaux de graisse pure provenant des desdits boeufs. Quel cadeau. A utiliser à la place du beurre ou de l'huile pour préparer les tranches, ou pour faire revenir des pommes de terre, des champignons, des légumes, faire frire tous les produits que vous souhaitez sublimer, ou encore se faire des oeufs brouillés au bacon du tonnerre un matin par exemple. Nous, plutôt que de les perdre, nous nous sommes contentés de les découper en petits cubes, puis de les faire frire, de les assaisonner à la fleur de sel (disponible à la guesthouse) et au poivre noir, et de les manger, un peu craquants sous la dent (mais fondant à l'intérieur). Tout simplement. Quel goût, un bonheur. Audrey en redemandait. La graisse n'était pas mousseuse, un peu comme celle qu'on trouve dans nos rillettes, mais un peu compacte, en se détachant par niveaux successifs, comme du saumon cru ou du thon pendant la découpe.
Le lendemain, le 1er janvier, nous avons avalés tout ça, en prenant notre temps quand même, au milieu de 3 japonais médusés, curieux et interessés par le produit et la cuisson (...et le prix, c'est vrai).
Un moment inattendu dans ce tour du monde. Plaisir que d'avoir pu découvrir, acheter et cuisiner un produit local comme celui là.
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